Heureusement, c'est encore une fois Henri Laborit qui est venu à mon secours et me donner l'explication de cette force mystérieuse: « La finalité de l'être vivant découle en définitive du principe d'équilibre de Le Chatelier. »⁽¹⁾

Je me suis donc intéressé au principe d'équilibre chimique de Le Chatelier ⁽²⁾, mais pour le comprendre, il faut revenir aux origines de la chimie elle-même.

Une des premières lois empiriques découvertes, le principe de Berthollet, au XIXème siècle, a permis d'établir un premier principe de chimie minérale basé sur des observations : « Un système laissé à lui-même tend à évoluer de manière à libérer le plus de chaleur ».

Puis un peu plus tard, toujours au XIXème siècle, une autre loi empirique a pu établir que certaines réactions chimiques spontanées provoquent plus de désordre : « Une réaction chimique évolue dans le sens de l'augmentation du nombre de ses molécules. »

Mais comme il fut découvert en dernier qu'il existait des réactions chimiques réversibles (et la plupart des réactions dans les organismes vivants le sont), il est apparu que ces deux lois empiriques pouvaient être présentes ensemble dans une même réaction réversible, donc entrer en concurrence l'une avec l'autre, et par conséquence, qu'il pouvait y avoir des réactions chimiques à l'équilibre.

Et c'est Henry Le Chatelier ⁽³⁾ qui a proposé finalement la loi des équilibres chimiques telle que : « Toute variation de l'un des facteurs d'un équilibre tend à produire une variation de l'état d'équilibre dans un sens tel qu'il en résulte une variation en sens contraire du facteur considéré ».

Ce qui nous permet de revenir à cette boucle M de l'autopoïèse de Varela; cette boucle M serait alors composé d'un réseau de réactions chimiques à l'équilibre soumises à des événements ou des conditions variables de l'environnement (pression, pH, température, concentrations, etc.), s'opposant à la perte de cet équilibre et oscillant vers un nouvel équilibre légèrement différent.