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1.4 La théorie de l'évolution
Divergence plutôt qu'apparition
P. 12
Depuis les premières proto-cellules constituées d'un métabolisme rudimentaire et d'une enveloppe lipidique, on observe qu'aucune espèce n'est « apparue » en réalité, l'expression souvent utilisée et que j'ai moi-même employée.
À partir d'un ancêtre commun, des organismes vivants uniques, donc possédant chacun de minimes variations, divergent inexorablement en espèces différentes sous l'effet de la pression de sélection et des changements environnementaux.
Ce mécanisme simple et constant, qui agit sur un nombre d'organismes vivants quasi-infini, dont les variations physiques minimes sont également quasi-infinies, dans tous les environnements et toutes les niches écologiques, produit alors cette diversité et cette complexité extraordinaires au fil des milliards d'années.
« Le moindre organisme, la moindre cellule, la moindre molécule de protéine est le résultat d'une expérimentation qui s'est poursuivie sans relâche pendant deux milliards d'années. Quelle signification pourrait bien avoir un mécanisme réglant la production d'un métabolite par une cellule, sinon une économie de synthèse et d'énergie ? Ou l'effet d'une hormone sur le comportement d'un poisson, sinon de lui faire protéger sa descendance ? C'est à des fins précises qu'une molécule d'hémoglobine change de conformation suivant la tension d'oxygène ; qu'une cellule de surrénale produit de la cortisone ; que l'œil de la grenouille repère les formes bougeant devant lui ; que la souris fuit devant le chat ; qu'un oiseau mâle se pavane devant sa femelle. Dans tous les cas, il s'agit d'une propriété qui confère à l'organisme un avantage dans la compétition pour la descendance. Ajuster une réponse au milieu, à un ennemi en puissance, à un éventuel partenaire sexuel, c'est très exactement s'adapter. »