3.1 Des primates à Homo sapiens
De -300 000 à -12 000 ans ; Homo Sapiens ; langage et normes sociales
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L'agressivité sociale cognitive: soumission, intégration n'a plus aucun rapport avec celle des primates. Grâce à son néo-cortex qui fait au bas mot 3 à 4 fois le volume des chimpanzés, son système neuronal à six couches de plus de 80 milliards de cellules, la prolifération neuronale et synaptique de la période critique, l'humain bénéficie à la naissance d'une formidable machine à apprendre et d'une mémoire quasi illimitée. Au cours de son éducation, mais aussi tout au long de sa vie, à l'aide du langage articulé, il collecte et mémorise tout ce qui lui est utile.
Sur le schéma de la dominance, j'ai enrichi les notions de soumission aux règles sociales et d'intégration par une nouvelle dénomination plus adaptée aux comportements humains : les normes sociales . (1) Inconsciemment, en accompagnant les adultes dans toutes les activités du quotidien et grâce au langage, les enfants assimilent et mémorisent pendant la période sensible toutes les informations indispensables. (2)
L'environnement social comporte d'abord les règles de vie, les interdictions, les bonnes manières, les coutumes ancestrales, le rôle et la fonction des adultes, l'organisation, etc. La connaissance de toutes les normes sociales conditionnent la coopération, mais permet aussi d'éviter ou d'aplanir la plupart des conflits qui sont néfastes à la cohésion sociale. (2)
L'environnement écologique comporte toutes les tâches, les gestes, les pratiques, les informations utiles, les dangers qui participent à la vie quotidienne et à la survie. Les enfants prennent part à la chasse avec les rabatteurs, ils aident à porter le gibier et les récoltes, à faire le guet, à confectionner et à réparer les outils, à construire les abris, ils alimentent le feu, etc. Toutes les connaissances que le groupe possède doivent être transmises à la génération future. Le langage apporte un avantage extraordinaire dans ces apprentissages pratiques des enfants, mais également tout au long de la vie des adultes.
L'environnement imaginaire ; une nouvelle connaissance émerge sous la forme de croyances, d'esprits, de mystères, etc. Un cerveau ne sert pas à réfléchir, un cerveau sert à agir. Et face à certains événements qui le dépassent, comme la disparition du gibier dont il est souvent la cause principale, l'épuisement soudain des ressources naturelles, la souffrance, la mort, l'homme est désemparé et impuissant. Aucune action ne semble efficace. Alors, par des dessins au fond des grottes, à l'aide de statuettes qu'il va suspendre à son cou, par des rites, par des incantations, des rassemblements, des « prières », des « cérémonies », le langage et les symboles vont lui donner l'illusion d'agir sur cet environnement imaginaire. L'action devient possible, et peut ainsi calmer son angoisse, ses peurs, son stress, etc.