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3.1 Des primates à Homo sapiens
De -300 000 à -12 000 ans ; Homo Sapiens ; inégalités, stratification et verticalisation
P. 14
L'agressivité sociale « structurelle »: inégalités, stratification, verticalisation est quasi identique à celle des primates. Évidemment les chasseurs-cueilleurs possèdent des outils et des stratégies beaucoup plus sophistiqués permettant plus de prédation, mais ils ne peuvent ni accumuler ni stocker de ressources, ou en très faible quantité. Ils prélèvent au jour le jour la nourriture dont ils ont besoin. Si les ressources sont suffisantes, comme elles ne sont pas monopolisables et que le plus souvent elles ont une faible valeur (ou qui ne mérite pas de se battre pour se l'approprier) , les conflits pour ces ressources sont presque inexistants. La hiérarchie de dominance s'auto-organise alors de manière égalitaire et horizontale ; la stratification est réduite à son minimum. (1)
Mais si, pour une raison ou une autre, les ressources diminuent ou viennent à manquer, immédiatement, les conflits éclatent pour la moindre petite parcelle de nourriture. C'est uniquement la disponibilité des ressources qui détermine l'agressivité de compétition, car encore une fois, elles sont vitales. Que le manque de ressources affecte des herbivores, des primates ou des humains, le résultat est toujours identique, la compétition égalitaire et horizontale se transforme rapidement en un combat féroce pour la survie, une stratification verticale et prioritaire émerge immédiatement, les individus les plus faibles (les plus dominés) perdent l'accès aux ressources et disparaissent: c'est la famine.
[...] , comme la plupart des chasseurs, ils (les Iks) étaient autant tributaires des ressources alimentaires végétales que du gibier, et les premières peuvent s'épuiser encore plus vite et plus définitivement que le second si une bande reste trop longtemps au même endroit. Dans ce mode de vie, la mobilité est capitale, et le nomadisme n'est en aucune façon l'errance sans but que l'on croit parfois. D'autre part, la chasse et la cueillette de végétaux, même dans un environnement marginal, ne sont ni aussi difficiles ni aussi hasardeuses qu'elles peuvent le paraître. Le chasseur pense peu au lendemain, assuré de trouver sa subsistance au jour le jour, dans un territoire qu'il connaît mieux que personne et qu'il n'essaie pas de dominer. Il est le meilleur des « conservateurs », sachant exactement ce qu'il peut consommer, où, et à quel moment. Cette connaissance détermine son nomadisme, et ce qui à d'autres paraît être une existence précaire donne probablement au chasseur le sentiment de sécurité que n'ont pas beaucoup de fermiers. [...]