Avant de conclure, il me faut encore expliquer pourquoi, sur le schéma, j'ai différencié les propriétés des hiérarchies de dominance par trois couleurs différentes.

Cette différenciation arbitraire n'a qu'une utilité mnémotechnique, encore une fois.

Le premier groupe : inégalités, stratification et verticalisation, rassemble les propriétés que je qualifie de « structurelles », car quelles que soient les espèces, elles seront toujours présentes, elles font partie de la structure d'une organisation en hiérarchie de dominance.

L'accès aux ressources sera toujours inégalitaire, l'accumulation d'inégalités va produire inexorablement une stratification sociale et la verticalisation dépendra principalement de la nature de la ressource.

Le second groupe : la soumission et l'intégration, vont dépendre quant à elles des capacités cognitives et de la mémoire des animaux, donc principalement des apprentissages.

Plus les individus seront capables de mémoriser et d'appliquer des règles sociales complexes et formalisées de soumission et de menace, plus les agressions nuisibles à la cohésion du groupe vont s'estomper, donc plus leurs relations seront stables et plus la coopération sera efficace.

La coopération dominants-dominés devient alors un avantage évolutif majeur qui permet des actions et des stratégies bien plus complexes et bien plus efficaces.

Quant au dernier groupe : la famille et l'héritage social, ils sont présents seulement chez les primates qui ont les capacités cognitives les plus évoluées et uniquement chez les femelles qui restent ensemble toute leur vie.

Émerge alors une double inégalité : une première inégalité de la femelle dans sa famille, suivie d'une seconde entre les familles, une inégalité sociale définie par le rang de la matriarche.

Cette inégalité sociale se transmet de mère en fille, et plutôt que d'exacerber et multiplier les conflits, elle a tendance à encore réduire les agressions et cimenter la hiérarchie sur plusieurs générations. ⁽¹⁾