Avant de terminer ce chapitre sur l'émergence de la cité d'Éridu, je voudrais faire un rappel sur la hiérarchie de dominance ; cette auto-organisation qui résout le paradoxe d'individus qui coopèrent pour prélever les ressources mais qui pourtant sont en compétition pour se les répartir.

Sur le schéma économique, j'ai voulu mettre en avant que ce n'est pas la classe dirigeante qui décide le type de hiérarchie de dominance égalitaire ou inégalitaire qui est mis en place au fur et à mesure de l'expansion de la cité, mais les ressources disponibles, la protection et l'accès à ces ressources, la démographie ainsi que tout ce qui tient à la préservation de la cité et de ses habitants.

Chaque année, la plaine de la Mésopotamie est inondée par la conjugaison des pluies printanières et la fonte des neiges sur les montagnes environnantes. La cité attend ces crues, elle en a un besoin vital pour conserver l'eau dans les réservoirs qui alimenteront ses champs, car elle doit nourrir maintenant une population nombreuse. Mais elle craint également une inondations trop violente emportant ses digues, ses champs ensemencés, voire ses habitants, ou au contraire, une inondation trop faible, entraînant des récoltes insuffisantes. Au milieu de la cité, dans le temple dédié à la divinité protectrice, les prêtres procèdent aux sacrifices et aux rites qui les accompagnent, seules manières d'apprivoiser ces événements incontrôlables et surtout d'apaiser l'anxiété de chacun. Mais la survie de milliers d'individus dépend également de l'action de tous, de l'existence de tout un ensemble d'infrastructures créées depuis des temps immémoriaux, génération après génération.