La division du travail, la promiscuité dans la cité renforce également le tissu social, déjà présent à la période pré-céramique dans les villages d'agriculteurs. Tous ces individus s'interconnectent les uns avec les autres du fait de la spécialisation grandissante et de la taille de la population. Tout organisation humaine est en fait une hiérarchie de dominance, et au fur et à mesure de la verticalisation des sociétés, différentes hiérarchies de dominance concernant des activités variées se lient et s'interpénètrent les unes avec les autres. Ce sont ces liaisons multiples d'individus participant à différentes hiérarchies qui forment le tissu social de plus en plus dense. Plus on monte dans les strates sociales, plus les individus construisent des relations entre les groupes et les individus et plus on descend dans les strates, plus les individus produisent des ressources et utilisent leur force de travail au détriment des relations. ⁽¹⁾

L'individu fait partie de nombreuses « familles » si l'on prend la famille au sens plus large d'un groupe social auquel il participe régulièrement. D'abord une famille biologique bien-sûr, mais aussi une famille plus large de voisinage, mais aussi une corporation (ouvrier, artisan, architectes, etc.), mais il doit aussi participer à la protection de la cité, aux grands travaux d'infrastructures en cas d'urgence, aux récoltes si nécessaire, aux cérémonies religieuses, etc., et en dernier, il appartient à une grande famille qui s'appelle la cité d'Éridu sous la protection d'une divinité. Dans chacun de ces groupes, l'individu bascule constamment d'une hiérarchie de dominance à l'autre, où il doit se soumettre à des responsables dédiés à ces différents groupes et activités, où les règles ne sont pas forcément les mêmes, ni les connaissances, où l'individu n'a pas forcément les mêmes compétences, ni la même fonction, ni le même rang social. Et plus l'individu sera intégré au sein de ces différentes hiérarchies, plus il sera efficace dans chacune de ces hiérarchies. ⁽²⁾