Uruk se développe lentement en basse Mésopotamie, dans le vaste delta cultivable du Tigre et de l’Euphrate, au milieu de nombreux villages agricoles, reliés entre eux par des réseaux de canaux qui servent autant à l'irrigation qu'au transport des marchandises et des individus.

Grâce au commerce de bois de construction de bonne qualité comme le cèdre du Liban, à la domestication des bœufs et des ânes et à l'irrigation des champs de céréales, un nouvel outil agricole émerge : l'araire à traction animale. C'est la charrue primitive, à un seul soc en bois très dur, qui permet de tracer un sillon superficiel dans le sol limoneux et humide. ⁽¹⁾

Cette innovation technique permet un nouvel essor des surplus de céréales et des légumineuses ; un agriculteur bien équipé peut multiplier par 4 à 5 la surface ensemencée annuelle tout en conservant le même rendement d'environ 10 q/ha de céréales qui sont à la base de l'alimentation. En plus de l'orge, du blé amidonnier et de l'engrain, une nouvelle céréale est domestiquée à cette période : le sésame. Les légumineuses, vesce, pois, pois chiche, lentille sont cultivées en grande quantité. Le lin, plante textile exigeante en eau, peut se développer également, en plus du chanvre. ⁽²⁾

Malgré cette multiplication des surplus céréaliers, les agriculteurs ne deviennent pas plus riches pour autant. Ils vivent toujours au milieu de leurs champs dans de petites maisons quadrangulaires avec leurs familles. Ils ne travaillent pas moins longtemps non plus. Produisant sensiblement les mêmes rendements à chaque récolte, ils ont simplement multiplié la surface cultivée.

De grands troupeaux de moutons se développent lentement. Ils sont conduits chaque printemps vers les monts Zagros pour se nourrir pendant la saison sèche, c'est le début des transhumances. La viande sur pied et la laine deviennent de nouvelles matières premières venant augmenter les surplus et le commerce. Les arbres fruitiers se développent dans tout le croissant fertile. Un nouveau bond démographique s'amorce, encore une fois d'un facteur dix, ainsi qu'un développement du commerce fluvial et terrestre. ⁽³⁾