3.2 Du nomadisme à l'agriculture
Rappel sur les hiérarchies de dominance
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Imaginaire et langage articulé

Homo Sapiens, grâce à son néocortex permettant les aires associatives et le langage articulé, parvient à se projeter dans l'avenir et planifier des actions communes
Lors de la présentation des groupes sociaux, nous avions constaté que la hiérarchie de dominance était simplement une déclinaison de l'agressivité de compétition, mais entre des individus faisant partie d'un même groupe. La hiérarchie de dominance résout le paradoxe apparent d'organismes en compétition les uns avec les autres pour les mêmes ressources limitées, mais qui, pourtant, réussissent à coopérer et à se coordonner, à vivre ensemble.
Homo Sapiens a hérité de ces comportements sociaux à travers la lignée de ses ancêtres et des groupes auxquels ils appartenaient. Mais comme il possède des propriétés émergentes que les primates ne possèdent pas, l'imaginaire et le langage articulé , il a pu transformer ces hiérarchies de dominance au fur et à mesure de son évolution et de son expansion sur la planète.
J'avais distingué dans l'agressivité de compétition, trois agressivités « sociales » de nature différente. Une agressivité sociale « structurelle » : inégalités, stratification et verticalisation à tendance égalitaire et horizontale dans les groupes de chasseurs-cueilleurs. Une agressivité sociale « cognitive » : apprentissage des normes sociales complexes conditionnant l'intégration des individus qui permet une bien meilleure coopération grâce au langage articulé. Une agressivité sociale « d'héritage » : une culture générale sous la forme de 3 types de connaissances : les normes sociales indispensables à la bonne cohésion du groupe, la maîtrise de l'environnement écologique indispensables à la prédation et à la défense, puis en dernier, l'environnement imaginaire ou spirituel par l'intermédiaire de rites .
Cet héritage culturel permet à chaque groupe de chasseurs-cueilleurs de maîtriser complètement son environnement et transmettre à chaque génération l'ensemble de ses connaissances. La coopération est omniprésente et la prédation est le souci quotidien. Les individus se coordonnent et travaillent ensemble à la survie du groupe. Les inégalités sont inexistantes, les conflits minimes ou passagers. Les décisions importantes sont collectives et prises le soir autour du feu.
Dans ce chapitre sur le processus de sédentarisation, nous allons observer les forces et les contraintes qui vont agir à nouveau sur ces hiérarchies égalitaires, les transformer, les complexifier.